Saga des Rapin originaires de Corcelles et Payerne (VD) 

 
 

Nos armoiries (information tirée du tableau du Conseil de Payerne en 1755)

Armoirie d’azur à la face d’or, chargée d’une grappe de raisins d’azur, tigée et feuillée de sinople, accompagnée d’une étoile d’argent et en pointe un croissant du même. à cinq rais.

Orthographe de notre patronyme.

Il peut varier de Rappin, Rapinaz, Rapinat ou même Rapinolet. Toutefois, c’est vers la fin du 17ème siècle que l’on trouve le nom de Rapin qui ne changera plus jusqu’à aujourd’hui.

Pour illustrer cette diversité, voici quelques exemples :

En 1420, Rappinat est témoin au procès intenté par Amédée VIII.

En 1441, Jaquette Rapinaz lègue un terrain en faveur de l’Eglise de Corcelles.

En 1466, par testament, Humbert Rapinaz institue héritier le couvent de Payerne.

En 1579, est cité Colix Rappin.

En 1582, Charles, fils de Samuel Rapin apparaît pour la première fois avec un seul P.

 

Faits historiques marquants

 

Acquisitions de terres:

cette vieille famille de la Broye vaudoise est présente dès le Moyen Age à Payerne. En 1309, la ville de Payerne était obérée et se sépare d’une partie de son patrimoine en vendant à quelques propriétaires fonciers fortunés deux « pâquiers » (pâturages), situés entre la Broye et la terre du Vully, à la fin des « Sésines ».

Les acheteurs portent les noms de:

Rapin, Ruéra et Détrey. Ces patronymes existent encore aujourd’hui. Un parchemin en excellent état, conservé aux archives de Payerne, en atteste.

Le fait d’acquérir des terres prouve que ces familles sont installées dans cette région et qu’elles ont des moyens. On peut imaginer qu’elles cultivaient la terre de la plaine de la Broye bien avant ce texte fondateur.

La révolte de Payerne:

l’histoire nous apprend que la cohabitation avec les moines du couvent cistercien de Payerne est difficile. Une enquête a été menée par le Duc Amédée VIII de Savoie (le futur Pape) intitulée « MUERENT LES MOIGNES ».

Voici un extrait des cahiers d’histoire médiévale qui relate ces événements : « muerent les moignes » (à mort les moines), tels sont les cris que vocifèrent les Payernois en envahissant la place du monastère, ce dimanche de mai 1420. Mais d’autres mots violents ponctuent les mois troubles que traverse la ville. Ainsi « Corbeaux, corbeaux, croa, croa, lancé un soir à travers l’église, fait-il écho aux chants que « croassent » les moines bénédictins dans leurs habits noirs lors des offices quotidiens.

L’année 1420 était en effet loin d’être calme à Payerne, au siège du célèbre prieuré clunisien. Réunions secrètes des bourgeois, cavalcades carnavalesques (déjà les Brandons !), fuite du Prieur et bouclage de la ville : les évènements s’enchaînent dans le conflit qui oppose les habitants aux moines. D’après l’enquête très détaillée du duc Amédée VIII de Savoie, cent cinquante témoins sont interrogés quelques semaines après l’insurrection. L’intérêt de cette manière de faire est double : le nombre de personnes interrogées fournit une grande variété de réponses et l’interrogatoire qui suit de peu les événements, assure que les rancoeurs sont encore vives.

Voici, tiré de cette enquête, l’article 119 concernant Nicod Rappin de Corcelles.

« Item Nycodus Rappin dicti villagli iuratus et interrogatus dicere vertatem super premissis interrogacionubus ». Comme on le voit, nos chers ancêtres étaient mouillés, les bougres.

 

Quelques points d’histoire

La ville de Payerne avait une certaine indépendance et se permettait de conclure des alliances sous forme de traités de combourgeoisie, particulièrement avec Berne et Fribourg. Ces documents prévoyaient une assistance mutuelle lors de conflits. Pendant les guerres de Bourgogne, un contingent payernois fut levé et participa entre autre à la bataille de Morat en 1476. Bien entendu, des Rapin étaient dans le coup dans le camp des Confédérés. Ils participèrent à la conquête du Pays de Vaud aux côtés des Bernois en 1536. Ils occupèrent la région de Morges jusqu’aux portes de Genève.

Pendant la période bernoise, de 1534 à 1798, les envahisseurs s’approprièrent les biens des communautés ecclésiastiques. Alliés, les Payernois bénéficièrent de la sécularisation des biens du couvent, bâtiments et terrains compris. En ce qui concerne les vignes en Lavaux, elles furent achetées et ajoutées au patrimoine de la Ville.

La réformation remplaça le culte catholique. Mais petit à petit, le régime de LL.EE devint pesant, et l’idée de les renvoyer derrière le rideau de rösti fit son chemin.

En 1798, tout bascula, et Payerne s’affranchit du joug bernois sans effusion de sang. La mise en place du Canton de Vaud se fit laborieusement. Payerne transita dans l’éphémère canton de Sarine et Broye.

En 1803, nouveau coup de tonnerre, Payerne se fractionne en deux entités. Corcelles prend son indépendance. Les familles aussi sont coupées en deux, y compris les Rapin. Dès cette date, ces derniers seront d’origines différentes, soit de Payerne ou de Corcelles.

A Corcelles, les Rapin sont si nombreux, qu’il a fallu les désigner par des adjonctions à leur patronyme. Il y aura les des Champs, du Ruz, du Chêne ou encore les Soifs d’or pour les plus économes. On dit qu’ils jetaient leur argent par les fenêtres, mais depuis dehors, dedans.

Une légende prétend même que la richesse d’une de ces familles Rapin aurait été constituée de la manière suivante : lors du pillage du trésor de Berne, un convoi napoléonien traverse le village de Corcelles. L’or de Berne se trouve dans des tonneaux chargés sur des chars. L’un de ceux-ci serait tombé et aurait roulé au bord de la route. Une habitante qui regardait le passage des soldats se serait rapidement assise dessus, sa grande robe le dissimulant. Lorsque la rue fut déserte, elle l’aurait roulé jusqu’à sa ferme. Depuis ce jour, la prospérité s’installa dans la famille.

Dès 1800, la pression française contraignit les autorités à lever des troupes pour constituer

les « grognards » vaudois de Napoléon. Cette obligation n’épargna ni notre région ni notre nom de famille.

 

Figures marquantes

Les Rapin, essentiellement agriculteurs, ont peu fait parler d’eux sous l’ancien régime savoyard. Plus tard, sous le régime bernois, ils sont souvent cités pour des demandes ou des recommandations.

Le 20 septembre 1616, le fils d’Isaye Rapin requiert une attestation d’origine et conversation pour « s’en départir ailleurs », ce qui ne lui a pas été octroyé. Il lui a ainsi expressément été défendu de s’absenter de ce lieu (Payerne), en considération des armées qui sont de ce côté.

En 1627, une attestation est accordée à Jean, fils de Moyse Rapin « de n’avoir, jusqu’à présent aucune accusation, commis aucun crime qui nous soit apparu, étant issu de bon père et de bonne mère ».

Certains soldats s’illustrèrent, tout d’abord le Général Henri Jomini stratège ainsi que Frédéric Rapin, dit le riche. De 1779 à 1850, il fut major d’un régiment. Il fut un des rares réchappés de la Bérézina. Après ces évènements, il fit une carrière d’industriel et construisit une batteuse mécanique. Il eut une fille du nom de Marianne, née en 1817.

En 1803, le colonel Philippe Rapin commandait le régiment de Mollendorf de Prusse à Berlin.

Louis Rapin-Perrin, né en 1857, a fondé un commerce de machines agricoles. Il présida pendant 30 ans le syndicat agricole des Planteurs de tabac.

Fritz Rapin-Thévoz, né en 1858, était huissier exploitant tout en étant syndic de Corcelles et député libéral. Ses descendants sont fort connus. Parmi eux, citons le Dr Maurice Rapin, né en 1900. Il fut un spécialiste ORL réputé. Nous avons une pensée émue pour un disparu récent de la même lignée, notre champion suisse de moto-cross Pierre-André Rapin.

Récemment, à Payerne ,un homme chaleureux Robert Rapin-Bovard a été juge de paix et syndic.

A cette évocation de figures marquantes disparues, il faut citer Aimée Rapin, la célèbre artiste peintre portraitiste de renom. Elle excella dans la maîtrise du pastel. Sa technique se relie en droite ligne des impressionnistes du début du vingtième siècle. Une salle du musée de Payerne lui est d’ailleurs consacrée.

Ajoutons encore une page anecdotique en lien avec nos cousins Rapin de Valloire en Savoie. Il y a 200 ans, alors que Payerne et Corcelles se séparaient, fut entreprise une vaste recherche auprès des combourgeois exilés dans toute l’Europe pour leur demander à qui allait leur vœux d’appartenance : à l’une ou l’autre des communes ? Ce décompte permettait d’établir la part attribuée à chaque commune pour le partage des biens. .On trouva des Perrin, des Plumettaz, des Tavel et des Rapin .En tout, 250 exilés choisirent leur préférence et il en fut tenu compte.

Parmi eux, à Olst en Overyssel situé en Hollande, une famille Rapin de Toyras opta pour Payerne.

La curiosité vient du fait que cette famille est authentiquement savoyarde de Valloire. Elle avait émigré lors de la révocation de l’édit de Nantes et s’était établie en Hollande et en Prusse. Selon la communication du Professeur Levet, historien à Paris « Paul Rapin Thoyras fut contraint de s’exiler en 1685, d’abord en Angleterre, puis en Hollande ».En fait, ce coup de pouce fut un cadeau pour les Payernois. Merci les cousins de Valloire. !

Il est évident que ces citations sont lacunaires. C’est pourquoi, les adjonctions, modifications et compléments sont les bienvenus. N’hésitez pas de nous communiquer des informations avec les références historiques, nous nous emploierons à en tenir compte .pour compléter cette saga.

En ce qui concerne les figures marquantes vivantes, nous souhaitons ouvrir une rubrique afin de citer les célébrités issues de Rapin qui fourmillent à coup sûr sur note planète ! Merci de nous les signaler également.

Pour réaliser cette saga, j’ai pu compter sur la cordiale complicité d’amis et de spécialistes qualifiés tels que :

1. Monsieur Favez aux archives cantonales de Chavannes.
2. mon ami Michel Vauthey, archiviste de la Ville de Payerne et ses complices de toujours du Vieux Payerne, Edmond, Ischi, président et Jean-Claude Juriens, documentaliste et photographe.
3. le Professeur Dominique Levet, historien à Paris et président des Rapin du Monde à Valloire en Savoie, en visite au bon moment pour bénéficier de ses connaissances.

 

Jean-Paul Rapin – président des Rapin de suisse

La Légende des Rapin- par Edmond Ischi

Retour en haut